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Critique

Au saut du Leigh

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Le festival de Cannes 2011dossier
Dans «Sleeping Beauty», une jeune étudiante donne de son sommeil à des hommes d’âge mur.
publié le 13 mai 2011 à 0h00
(mis à jour le 13 mai 2011 à 9h14)

«Il n'y aura jamais de pénétration. Votre vagin sera un temple.» Pour le reste, Clara, maîtresse (SM) de cérémonie restera pour le moins évasive à l'endroit de Lucy, une étudiante australienne blonde, à peau de lait, cherchant à financer ses études par un boulot bien rémunéré. Physique de biche, innocence de façade (Lucy n'a jamais eu froid aux yeux, question mecs, les tirant à pile ou face), le petit faon a été pressenti comme un être de premier choix pour un métier flou : servir les plats, et peut-être aussi servir de plats, dans des dîners en présence de messieurs très vieux, très chics, très puissants, aimant jouer avec le pouvoir. Mais Clara va imaginer autre chose pour Lucy, quelque chose d'un peu à part, d'inédit : un somnifère sera glissé dans son café, qui la fera dormir deux heures. On la bordera dans un grand lit bleu. Un des hommes viendra la rejoindre, et jouera. De ce qui se sera passé durant ces deux heures de somnolence, Lucy ne saura rien à son réveil. Jamais. Une seule règle, donc : «Son vagin sera un temple.»«Mon vagin n'est pas un temple», avait-elle répondu, la première fois. Ce qui n'est rien comprendre aux règles même du fétichisme, qui impose une soumission suprême, une interdiction mère surplombant de sa loi tous les actes, tous les jeux, pour mieux autoriser, en contrechamp, un autre vaste champ des possibles.

Obsessions. Julia Leigh, 40 ans, a surgi hier en compétition comme si elle tombait exactement de n