Neuf ans ont passé entre Morvern Callar et cette adaptation de l'Américaine Lionel Shriver par la réalisatrice britannique Lynne Ramsay. Entre-temps, elle a été débarquée du projet Lovely Bones, finalement signé Peter Jackson. Le livre, qui a eu un certain retentissement, se présente sous la forme d'un récit épistolaire des relations entre Eva Khatchadourian et son fils aîné, Kevin, un enfant d'abord désagréable et, finalement, criminel. On sent constamment la matière littéraire derrière les images et effets à impact déployés par la cinéaste pour essayer de rendre toute l'ambiguïté des rapports familiaux entre un couple a priori bien sous tout rapport - l'élégante Eva, son mari rondouillard (friqués, ouverts, sans doute intellos) - et l'étrange avorton buté, au regard accusateur, fruit de leur union.
Marteau-piqueur. Le bébé hurle sans arrêt et il y a une scène fantastique où Eva, titubant dans les rues avec le landau sonorisé aux pleurs crève-tympans, trouve un moment de sérénité en stationnant près d'un marteau-piqueur. Par la suite, le petit Kevin refuse d'aller aux toilettes et, à force, maman lui casse un bras. L'enfant vicieux entraîne sa mère coupable dans un mensonge qu'il fabrique pour que le paternel continue de croire que tout va bien. Mauvaise graine ou mauvaise éducation ? Le film distribue des bribes d'infos psy tout en montrant Kevin comme un Méphisto domestique armé d'un arc aussi tendu que sa haine du genre humain. Lynne Ram