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Libération
Festival de Cannes

«Las Acacias», branche de vie

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Le voyage d’un routier et de sa passagère, d’Asunción à Buenos Aires, filmé au ras du pare-brise.
«Las Acacias». (DR)
publié le 14 mai 2011 à 0h00

Drôle de film, assez étrange, qui a cueilli, hier matin au saut du lit, les spectateurs de la Semaine de critique. Las Acacias est la trace filmée d'un voyage en camion d'un homme, d'une femme et d'un enfant. L'homme est routier, depuis de longues années, autant dire un garçon du genre taiseux. La femme, paraguayenne, qu'il mène à bon port, lui est inconnue - c'est une passagère, quasiment une auto-stoppeuse. On la soupçonne immédiatement d'être pauvre, en tout cas assez fauchée pour ne pas avoir trouvé d'autre ressource que ce vétuste véhicule pour parcourir, avec un bébé dans les bras, les 1 500 kilomètres de route qui séparent Asunción del Paraguay et Buenos Aires.

Catatonie. Programmer en festival un tel voyage minimaliste à l'heure du petit dej était un risque en soi, qui aurait pu laisser sur le bord de la route pas mal de festivaliers. Mais ce fut l'inverse : l'heure a agi de la meilleure façon qui soit, renforçant l'aspect hypnotique du film, nous faisant bouffer, à nous aussi, du kilométrage dans un état de douce catatonie. Car accepter de rouler pour las Acacias, c'est se rendre compte une fois encore que le cinéma peut être un art très simple, très direct, pour peu qu'on laisse respirer les choses, qu'on se fixe une place et qu'on s'y tienne. Et, pour l'essentiel, las Acacias ne déroge pas de son cockpit. La possibilité des plans est réduite à l'essentiel : un plan sur l'homme, un contre champ sur la femme, parfois un pla