En Italie, on peut voir Habemus Papam en salles depuis le 15 avril, la sortie du film ayant été plutôt placée aux avant-postes de la béatification de Jean Paul II, début mai, que synchronisée avec la manifestation cannoise où il est projeté dans le cadre de la compétition. Le film connaît déjà un gros succès et a suscité des réactions diverses du côté des catholiques italiens. La plupart des médias croyants ont jugé plutôt favorablement cette histoire d'un pape fraîchement élu (Michel Piccoli), qui recule devant la charge symbolique de la fonction et vit une sorte de dépression de légitimité.
Giuliano Ferrara, directeur du quotidien politique Il Foglio et catholique militant, a ainsi parlé d'une «leçon de tolérance et d'ironie» et Radio Vatican a plébiscité le film. En revanche Mgr Roberto Busti, évêque à Mantoue, parle d'une «saleté» dont il vaut mieux se tenir éloigné et Salvatore Izzo, journaliste d'Avvenire (quotidien de l'épiscopat), a publié un appel virulent à boycotter le film : «N'allez pas le voir. Ne contribuez pas à le financer. Il offense notre religion. On ne doit pas toucher au pape, roc sur lequel Jésus a fondé son Eglise.» Boycott peu suivi ni très relayé. Aucune congrégation de fans du Christ en croix n'a jeté des hosties avariées sur les festivaliers, hier matin, pour la projection de presse, ni tenté de faire la montée des marches à genou en récitant des Notre Père. On était presque déçu.
Décrépitu