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Libération
Festival de Cannes

«Polisse» : cas de force mineurs

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Une descente nerveuse dans l’univers piégé de la brigade de protection des mineurs.
«Polisse», avec notamment Joeystarr et Maïwenn.
publié le 14 mai 2011 à 0h00
(mis à jour le 14 mai 2011 à 8h47)

Avant, on appelait ça le police procedural. Un roman ou un film choral offrant une vue kaléidoscopique d'un commissariat, nourrie par la routine épuisante du malheur, les petites lâchetés, les démissions et les révoltes, l'odeur du café brûlé et du cendrier froid tandis qu'à la maison, enfants et conjoints font leurs valises après une nuit de planque de trop.

L'écrivain américain Ed McBain avec ses Chroniques du 87e district fut à la fois le pionnier et le dépositaire d'une bible que ses innombrables héritiers ont mille fois démontée et recomposée. Au cinéma, mais surtout à la télévision (de NYPD Blue de Steven Bochco à The Wire de David Simon), le genre est devenu une valeur sûre au point de quitter les locaux moisis des hôtels de police pour coloniser hôpitaux, casernes de pompiers ou cabinets d'avocats. Dernier avatar du genre, le documentaire télé, du plus rigoureux au pire racolage putassier, peuplé de fantômes au visage flouté, où le terme pédophile a définitivement cédé la place à celui de « prédateur».

Conviction viscérale. C'est donc peu dire que, pour Polisse, et sa proposition de raconter le quotidien de la brigade de protection des mineurs de Paris, le terrain était méchamment miné. Que pouvait donc avoir à raconter de nouveau ou de différent Maïwenn Le Besco qui, justement, s'est lancé dans ce projet après le visionnage d'un documentaire à la télévision ? De neuf, en réalité pas grand-chose,