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Libération
Critique

«17 filles», conception synchronisée

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Lorient . Solidaires, des ados décident de tomber enceinte en même temps. Frais.
publié le 16 mai 2011 à 0h00

Tant pis pour tous ceux qui pensent que dix-sept filles, ça fait déjà beaucoup de monde, mais il faudrait, pour être précis, en compter deux de plus : les sœurs Coulin, natives de Lorient et qui, pour leur premier film, ont transposé sur les lieux de leur adolescence un étrange fait divers survenu aux Etats-Unis en 2008. Où, pour ne pas abandonner leur meilleure copine tombée enceinte après un accident de capote, seize autres élèves d’un même lycée décident, dans la foulée, d’organiser une fête durant laquelle chacune se fera faire un enfant. Dix-sept bébés qu’elles élèveront ensemble, loin des parents et des profs qui font chier.

Le projet de 17 filles, c'est l'envers même d'une utopie : leur idée de la liberté, c'est pouvoir dire oui à leur envie de flinguer leur vie à 17 ans en se collant un marmot sur le coup d'une impulsion quelque peu irréfléchie, tout ça avec la certitude que les amitiés de jeunesse dureront pour la vie. Rires.

En l’état, le film prend le parti de ne pas choisir, de saisir tout à la fois la naïveté et l’énergie débordante des adolescentes tout en mettant l’accent sur l’absence de réponses des adultes. Delphine et Muriel Coulin sont, à ce titre, d’une efficacité redoutable lorsqu’il s’agit, plutôt que de produire un énième discours lénifiant sur les raisons sociales d’un tel déboussolement ado, de faire passer dans le paysage même de Lorient la profondeur insondable d’un ennui qui ne passera pas (hélas) avec l’âge. Des paysages et des filles, de