Quel rapport y a-t-il entre les Neiges du Kilimandjaro, chanson interprétée dans les années 60 par Pascal Danel, un poème de Victor Hugo datant de la fin du XIXe siècle et un discours de Jean Jaurès prononcé à Albi en 1903 ? Un film moderne, le nouveau de Robert Guédiguian, qui, lui, voit le rapport et fait le lien. Les Neiges, c'est la chanson fétiche de Michel et Marie-Claire, couple de prolos marseillais et quinquagénaires qui fêtent leurs trente ans de fidélité (à leur amour, à leurs idées) en reprenant en chœur avec les amis : «Elles te feront un blanc manteau / Où tu pourras dormir.» Le poème de Hugo - dont Guédiguian explique qu'il l'a bellement inspiré -, c'est les Pauvres Gens où il est fortement question de s'occuper des enfants orphelins. Le discours de Jean Jaurès cité par un jeune du film est une adresse à la jeunesse : «Le courage, c'est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l'approfondir, de l'établir et de la coordonner cependant à la vie générale.» C'est ce conseil qui fait le meilleur des Neiges du Kilimandjaro. Entre nous pour s'opposer, se lever pour dire non ou merde, mais à condition de le faire ensemble et pour les autres.
Petit tour en enfer. De fait, Robert Guédiguian campe de nouveau sa caméra «à la maison» dans le quartier populaire et marseillais de l'Estaque. Chez lui, c'est-à-dire chez eux, puisqu'on y reconnaît les hautes figures de sa compagnie (Ariane A