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Critique

«Michael», employé de bourreau

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Le festival de Cannes 2011dossier
L’Autrichien Markus Schleinzer pose un regard clinique sur le quotidien d’un pédophile.
publié le 16 mai 2011 à 0h00

Comme il est dit dans le synopsis le plus laconique du Festival, le premier film de l'Autrichien Markus Schleinzer «décrit les cinq derniers mois de la vie commune forcée entre Wolfgang, 10 ans, et Michael, 35 ans». Cet argument, long comme un tweet, donne une première idée de Michael : avant de raconter une histoire, le film traite d'un sujet, la pédophilie. Parce qu'il nous vient aussi du pays de Natascha Kampusch, dont de nombreuses similitudes scénaristiques rapprochent le cas, on voit un peu trop clairement à travers la chair du film la trame de sa fabrication. Michael est donc une digression sur un thème que le monde moderne tient pour le crime ultime. Cependant, le héros n'en est pas l'héroïque enfant, mais son ravisseur, comme le titre le dit froidement. Michael est en effet un homme sérieux, soigneux, agent d'assurances estimé, fiable et d'ailleurs promu (très bon Michael Fuith). Si on ne le savait aussi bourreau, la nuit, dans sa cave, du jeune Wolfgang, on ne verrait en lui qu'une normalité sinistrement ennuyeuse.

Le film, par sa narration pas à pas, sa prudence de Sioux, sa rigueur morale dans la mise en scène, se développe comme une procédure irréprochable. Schleinzer n'a pas besoin de filmer son personnage principal à charge, les faits l'accusant très bien par eux-mêmes. Inversement, nulle nécessité non plus de cultiver l'empathie pour l'enfant. Le cinéaste la retiendrait plutôt, ne consacrant au garçonnet que les scènes essentielles d