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festival de cannes

«L’Apollonide», beau bordel

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Douze filles de leur mère (maquerelle) dans un vase clos éblouissant de Bertrand Bonello.
Les filles de l'Apollonide. Elles sont la chair du film, sa merveille, son énigme. (Carole Bethuel)
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publié le 17 mai 2011 à 0h00
(mis à jour le 17 mai 2011 à 15h06)

Un garçon monte en chambre avec une fille. Bon client, il est connu pour être peintre. Le film jamais ne nous dit son nom, mais il suffit de l’entendre parler aux pensionnaires de cette maison de joie pour savoir que son prénom est immanquablement Gustave : oh Courbet, qui fait spécialité sentimentale de demander à ses amours tarifées d’ouvrir grandes les cuisses pour qu’il puisse regarder longtemps, longtemps dedans, les secrets profondément enfouis dans le sexe des filles. Et s’en faire des images.

Enigme. Celles du très attendu cinquième film de Bertrand Bonello (pour la seconde fois en compétition après Tirésia, en 2003) tiennent de l'origine du monde et de la fin d'un temps. «Les hommes ont des secrets mais ils n'ont pas de mystère», dit un client (l'immense Jacques Nolot). Les filles, alors, ne seraient que mystère ? Des filles, l'Apollonide, maison close, en compte douze. Présentation de Samira, présentation de Clotilde, présentation de Julie, présentation de Léa, présentation de Madeleine et de Pauline. De la Petite et de la Juive. Et des autres : l'une appréciée pour son grain de beauté, l'autre pour son tempérament italien, celle-ci pour ses seins en poire et sa jeunesse, celle-là pour le parfum intime, telle autre pour la blancheur lactale de sa peau comme pour sa tendresse dans la région des fesses.

Elles sont la chair du film, la peau du film, sa merveille, son énigme. Douze filles de leur mère (maquerelle), Marie-France (Noémie