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Libération
Critique

Malick, symphonie n°5

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Le festival de Cannes 2011dossier
Très attendu, «The Tree of Life» navigue entre trip cosmique new-age et prière élégiaque. Grandiose.
(DR)
publié le 17 mai 2011 à 0h00
(mis à jour le 17 mai 2011 à 15h54)

Cannes, c’est chaque année une extension du domaine de la vulgarité, du luxe autosatisfait, des vigiles veillant à la bonne séparation des riches oisifs et des badauds du tiers état, de la mentalité open bar et des zombis enterrés sous des tonnes de capsules Nespresso. Mais tout ce merdier peut soudain se mettre à graviter comme une déchetterie cosmique en orbite autour d’un astre pur, filant sa trajectoire dans la cathédrale brisée du Palais du festival.

Au bout de dix minutes de projection matinale de The Tree of Life, les pupilles dilatées, on sait qu'on s'en souviendra toute sa vie. Ce n'est évidemment pas un film comme les autres, et Terrence Malick est devenu, depuis la mort de Kubrick, le seul cinéaste ayant fondé son royaume altier et solitaire, farouchement mutique et inaccessible aux médias. Nul mieux que lui ne peut occuper la place de l'artiste barbu et ténébreux capable d'arracher aux studios la plus totale liberté d'action, et les moyens considérables pour parvenir à ses fins. Un an de recherche sur les effets spéciaux, 10 000 garçons auditionnés pour trouver le trio des frères occupant la partie fifties du récit, deux ans de montage (avec cinq chefs monteurs !), annoncé à Cannes en 2010 puis retiré à la dernière minute parce que pas prêt, The Tree of Life transporte avec lui sa légende de fresque poétique grandiose mais aussi de casse-tête maudit et de prière impossible à écrire ou proférer.

Amplitude des pôles. Malick a des am