Dans ce film peu bavard, souvent il se dit : «Bon, il faut que j'y aille» ou bien «Je vais y aller».Hors Satan nous fait tout entier cet effet : toujours sur le point de nous quitter, sans cesse sur la brèche d'aller nous faire voir ailleurs. Cette belle invitation au voyage, à foutre le camp du champ, à fuir le petit linge déprimant des drames psychologiques (cf. les trois quarts du cinéma français), à écouter un dialecte rare, tient pour beaucoup au vocabulaire du film qui parle deux langues à la fois : la voix du très gros plan et le chant du plan très large. De même pour la répartition des rôles : le gars (David Dewaele) et la fille (Alexandra Lematre) sont comme des solistes, et le paysage - tour à tour en arrière-monde ou les englobant - tient lieu de chœur. Il y a donc double possibilité de parler de Hors Satan. D'un point de vue musical et d'un point de vue géographique.
Un étendard. Dans ce film sans musique, la ritournelle se joue mezzo voce, comme une voix de tête. Probablement du rock anglais, minimaliste et glacial. Dans ce film sans beaucoup de déplacements, la topographie arpente ou survole un grand espace de dunes, de marais et de bois. Une zone de bord de mer désolée. Désolé, au sens navrant du terme. Il est désolant, en effet, que le gars vive dans des conditions plus que précaires. Une citation de guitoune, un feu de camp éthique, un peu de braconnage, la charité expéditive d'autochtones invisibl