Voilà quelques films, déjà, qu'André Téchiné cherche à se dépayser de lui-même comme de son propre cinéma. Avec Impardonnables, il passe le cap d'un nouvel affranchissement, celui de son format. Pas facile, en effet, de situer ce dernier film, malgré d'évidents airs de famille parmi la généalogie des ceux qu'il a réalisés. Sur quelle branche, exactement ? Lancé comme une comédie, le film se prolonge en tableau de mœurs rêveur, puis s'emporte vers la tragédie avant de se conclure sur un constat existentiel tempéré. Impardonnables, cependant, déploie cet arc narratif bizarre dans une continuité tout en lumières et légèreté.
Pistes. Le film raconte les tribulations sentimentales, familiales et artistiques de Francis, écrivain bien installé dans la vie (comme le bourgeois Dussolier est bien installé dans le rôle) mais en quête d'un petit coin au vert pour écrire son prochain roman. C'est à Venise qu'il cherche ce pied-à-terre, et c'est l'agent immobilier Judith (Carole Bouquet, très proche elle aussi du personnage) qui le lui déniche : une coquette maison sur Sant'Erasmo, îlot de la Lagune, cynégétique et isolé. L'affaire est vite pliée : Francis prend et la maison, et Judith. Mais à la suite de celle-ci s'accrochent aussi quelques histoires humaines que Francis ne pourra s'empêcher de fouiller, de troubler, de bordéliser : une vieille amie-amante lesbienne (merveilleuse Adriana Asti), le fils de cette dernière, Jeremie, un jeune homme envahi de