«Pourquoi filmez-vous ?» est une question autrefois posée par Libération à des centaines de cinéastes dont les réponses ont été rassemblées en un numéro spécial devenu collector. A l'époque, 1986, les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne n'étaient pas encore apparus sur le radar de la cinéphilie mondiale. Depuis, ils sont devenus les cinéastes les plus récompensés de toute l'histoire du Festival, qui leur a déjà attribué deux palmes d'or (Rosetta en 1999 et l'Enfant en 2005), un prix du scénario, un du jury, ainsi que deux prix d'interprétation… Mais la question reste valable de toute éternité : pourquoi les Dardenne filment-ils ? Une première partie de la réponse ressemble à ceci : «Le cinéma peut sauver des gens. Et dans notre film, il y a de ça», commence Jean-Pierre. «Save Cyril !» résume Luc, qui ajoute que le héros du Gamin au vélo, 12 ans, rencontrerait certainement plus de difficultés encore dans la vie réelle que dans ce film. «La fiction permet de donner une chance à Cyril. Dans la vraie vie, c'est plus compliqué.» La fiction comme planche de salut. Un cinéma qui va choisir les plus démunis, les plus contestables, les moins pardonnables d'entre nous et leur fait traverser, dans les conditions du réel le plus vraisemblable, la membrane invisible d'une échappatoire, d'une assomption.
Les centres fermés. Les Dardenne, c'est une première chose, filment donc pour aider à penser et à vi