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Critique

«Le Havre», palette du Festival

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Avec ce conte de fée social à la Chaplin, Kaurismäki repeint le port d’un sentiment d’intranquillité.
«Le Havre». Marx (André Wilms, vieil habitué de Kaurismäki), face à Monet, flic à visage humain (Jean-Pierre Darroussin). (DR)
publié le 18 mai 2011 à 0h00
(mis à jour le 18 mai 2011 à 9h14)

L'accueil presse dithyrambique hier matin du nouveau film du Finlandais Aki Kaurismäki, Le Havre, ne devrait pas aider à percer le cas A.K., passablement en train de devenir à chaque film plus énigmatique encore. Certes, la caresse matinale que le film a administrée avec un naturel absolument prodigieux a été reçue - à raison - comme une jouvence par des hordes de critiques qui commençaient, à mi-parcours, à vraiment ressembler à une armée de pommes au four bien gonflées sous les paupières. Mais que l'on retrouvait soudain tout reliftés après une heure quarante-trois minutes de miracles ligne claire du cinéaste finlandais : «Que Le Havre est beau, que Le Havre est bon.»

Mais une fois encore, il va être difficile de faire tenir tout le cinéma de Kaurismäki sous la seule étiquette de la bonté humaniste. Il est connu qu’on ne fait du bon cinéma avec des bons sentiments, et Kaurismäki est un très beau cinéaste, justement parce qu’il est bien plus retors qu’il n’y paraît.

Correspondant finlandais. A ce titre, Le Havre embellit le problème. Ça ne saute évidemment pas aux yeux (et/ou au paf) si on se limite à ce que le film raconte, qui semble un peu gros : en l'occurrence l'histoire d'un ancien écrivain bohème devenu cireur de chaussures, échoué in fine au Havre chez une femme bonne. Laquelle tombe malade à peu près en même temps que l'homme tente de sauver des fourches de l'administration française un jeune migrant cland