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Libération
Critique

«Skoonheid», de première bœr

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Le festival de Cannes 2011dossier
Tempête sous le crane d’un Afrikaner homo et raciste qui s’entiche d’un jeune roublard.
publié le 18 mai 2011 à 0h00

C’est un bon film sur la haine de soi. François est un Afrikaner quinquagénaire qui est satisfait de tout ce qu’il voit dans son entourage : sa jolie maison, son épouse dévouée, sa scierie qui rapporte gros, ses jolies filles, dont l’aînée que l’on découvre le jour de son mariage, et l’absence totale de Noirs dans le proche horizon, bien qu’il habite à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Mais quand il baisse les yeux vers son slip, François est nettement moins content de ce qu’il y voit : un abîme sexuel.

Partouze. François en effet est familier d'un groupe d'hommes de sa génération, de son milieu et surtout de sa couleur de peau, qui aiment bien se retrouver dans une villa discrète pour s'y enculer à qui mieux mieux. «Gloups !» fit alors la salle cannoise. Mais la crudité de cette scène de révélation n'est pas dans sa pornographie par ailleurs suggérée. Ce qui fout un coup, c'est qu'un des participants, qui a tenté d'incruster son amant métis dans la partouze, se fait vivement virer par ses compères sur le thème «on avait dit pas de folle, pas de gens de couleurs». Black-listé, c'est le cas de l'écrire. Autant dire que le point de vue du jeune réalisateur Oliver Hermanus fait plutôt dans la dentelle de la subtilité. Eh oui, camarades, on peut être pédé et facho.

Le scénario doit ensuite composer et négocier avec son suspense aveuglant : François sera-t-il, ou pas, «démasqué». D’autant qu’il en pince jusqu’au sang pour Christian, le jeune (23 ans) fils d’un ami,