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Libération
Portrait

Alice Barnole, fille en joie

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Le festival de Cannes 2011dossier
A 25 ans, cette rousse à fleur de peau joue une prostituée balafrée dans «l’Apollonide» de Bertrand Bonello.
publié le 19 mai 2011 à 0h00

C'est un dieu vengeur, on le sait, qui a envoyé Cannes aux hommes pour leurs péchés. Un dieu capitaliste, organisateur de disettes volontaires, rendant rares les accès aux films pour augmenter fallacieusement leur prix symbolique. Un dieu pervers et diviseur, préférant toujours un esprit sale déguisé en pingouin à une cervelle amie mais à côté de ses pompes : «Ah non, vous ne pouvez pas assister à cette projection de presse unique avec des sandales, monsieur, il faut un minimum de tenue.»«Mais ce sont des Paul Smith», couine le critique éconduit. Un dieu proxénète qui a peuplé ses enfers de putes, comme le remarquait le jeune Luis Buñuel en visite aux studios de la MGM et à qui l'on présentait Garbo : «Pourquoi me montrez-vous des prostituées ?» demanda le surréaliste avant de se faire éjecter (par Garbo elle-même).

Ce dieu taré, en plus de traiter le monde comme un troupeau de bestiaux, a aussi décidé de faire griller ses créatures sur le ponton de la plage du Majestic, leurs peaux pâles craquelées d’un embrasement immaculé.

Endiguée. Alice Barnole n'échappe pas au coup de soleil putatif, rousse bien que née à Prades, près de Perpignan : «Je suis la seule de la famille à ne pas avoir la peau mate. Je ne cesse de demander à ma mère comment cela se fait», plaisante-t-elle. Et elle interprète une prostituée à l'envers dans l'Apollonide, film qui prend à rebours la pornographie inhérente au cinéma pour transformer les