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Libération
Billet

Collisions présidentielles

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publié le 19 mai 2011 à 0h00

Après quelques minutes de projection du film d'Alain Cavalier, et avant même d'avoir vu celui de Xavier Durringer, il fut clair pour toute l'assistance de l'auditorium Lumière que Pater allait faire office d'anti-Conquête. La programmation consécutive de ces deux films à moins de 24 heures d'intervalle doit être lue comme l'expression malicieuse des responsables du Festival. Tout les oppose en effet dans leur format, leur style, leur économie, leur médiatisation et surtout leur substance. Pourtant leur sujet présente un faux-semblant : le récit d'une campagne présidentielle de nos jours en France. Mais là où la Conquête puise toutes ses ressources dans la mise en scène publicitaire de sa propre audace à figurer un Président en activité, Pater ne plonge qu'à la seule source du cinéma pour donner à réfléchir, et à rire, sur la nature du pouvoir. Inauguré par une proposition de loi radicale - imposer un écart maximal entre les plus hauts et les plus bas salaires du pays -, le film d'Alain Cavalier explore les rapports qui s'instaurent entre un Président (le cinéaste lui-même) et son Premier ministre (Vincent Lindon), qui passent de complices à concurrents. Qu'il voyage en utopie, ausculte la France profonde ou reconstitue les premiers cercles du pouvoir, Pater est le film le plus subtilement politique et amusant qu'ait produit le cinéma français depuis longtemps. On peut y voir une version rare et française de ce qu'a pu réaliser Nan