Le Festival de Cannes a fait se chevaucher mardi après-midi, à une demi-heure d'intervalle, les projections officielles du Pater d'Alain Cavalier (lire page 4) et du Hanezu No Tsuki de la Japonaise Naomi Kawase. Drôle d'idée de se servir subitement de certains films en compétition comme dégorgeoir, à partir du moment où ils ne ressemblent pas à une palme d'or putative. C'est gentil pour les films, et on imagine que les cinéastes ont été ravis d'être si bien servis. Hanezu No Tsuki a donc été montré pour la première fois à la presse à 17 heures devant des fauteuils vides. Si vides qu'il n'y avait même plus un seul guignolo de service pour hurler «Raoul» avant que ne démarre la projection - mais pourquoi Raoul, d'où ça vient et surtout quand est-ce que ça va s'arrêter ?
Et comme de surcroît le film marche sur l'herbe jupitérienne de Terrence Malick, montré lundi, mais fort d'un budget un demi-million de fois inférieur à son homologue américain, on pressent vite que ça ne va pas être facile pour Kawase de revenir à Tokyo avec une palme. Et moins facile encore de convaincre une critique sous le choc du grand trip-clip new age de The Tree of Life.
Fourmis. Objectivement, Hanezu No Tsuki raconte l'histoire d'une femme qui aime deux hommes, tombe enceinte de l'un et voudrait réussir à le quitter pour l'autre. Mais cela, ce n'est que la version bassement terre à terre du pitch. Car comme Hanesu No Tsuk