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Libération
Critique

«Pater», l’essence des réalités

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Dans un film hors norme, Alain Cavalier aborde les thèmes de la création, de l’amitié et du pouvoir.
Le Président Alain Cavalier (à gauche), et son Premier ministre Vincent Lindon (au centre). (DR)
publié le 19 mai 2011 à 0h00

Avec l'auditorium Lumière entièrement debout et dix-sept minutes d'applaudissements au compteur, le Pater d'Alain Cavalier tient pour l'instant la palme du film le mieux accueilli par le public de la compétition. La malice d'une programmation qui faisait succéder la Conquête à Pater (lire ci-contre) explique en partie cet enthousiasme : le film de Cavalier, qui relate lui aussi une campagne présidentielle en France aujourd'hui, valant comme antidote préalable au marketing vénéneux de celui de Xavier Durringer.

Mais c'est avant tout une raison plus profonde et moins circonstancielle qui a soulevé la salle : ce film est un magnifique objet de cinéma sidéral. Ce que l'on entend par là, c'est qu'Alain Cavalier et Vincent Lindon, qu'il faut entièrement associer à la réussite du projet, ont proposé en plein cœur du Festival une œuvre qui n'aurait en aucun cas pu avoir une autre forme que celle d'un film. Pater, avant toute chose, avant même son histoire, ses personnages et son metteur en scène, est une preuve de l'extraordinaire fertilité, de l'invraisemblable pérennité et de la redoutable pertinence de cet objet bizarre que l'on appelle film. A l'heure où tant de pythies défaitistes voient le cinéma menacé dans son essence même par les séries télés, la culture internet ou, horresco referens, les jeux vidéo, Alain Cavalier, lui, démontre un optimisme à toute épreuve à l'égard de son média, auquel il accorde une confiance infaillible, et