Ceci n'est pas un film n'est pas non plus une vieille blague surréaliste belge, mais le geste déchirant du cinéaste iranien Jafar Panahi, condamné par l'injustice de son pays à ne pas sortir d'Iran et à ne pas travailler pendant vingt ans. Puisqu'on lui interdit de réaliser des films, Panahi en déduit qu'on ne lui interdit pas d'être acteur ni de lire des scénarios. C'est donc face à la caméra tenue par un autre cinéaste qu'il va raconter la matière de son non-film, lequel prend place en une seule journée, celle de la traditionnelle Fête du feu à Téhéran, du petit déj à la nuit noire. Cet autre, ce complice et ami, Mojtaba Mirtahmasb, avait autrefois un projet qui s'appelait, déjà, Dans la coulisse des non-films des réalisateurs iraniens, fable ironique sur la difficulté d'être cinéaste au pays de Rafsandjani.
Savonnette. Tout l'enjeu des 75 minutes que va durer Ceci n'est pas un film sera donc de faire la démonstration que le cinéma est plus fort que la censure, que l'artiste est plus habile que le politique et l'individu plus sophistiqué que le pouvoir. Ce n'est pas une démonstration tranquille : il y faut de la force et du courage, et parfois Panahi doute salement, laissant s'exprimer un angoissant blanc à l'antenne lorsque la déprime et l'absurdité kafkaïenne de sa situation lui nouent à la gorge.
Mais Ceci n'est pas un film, exactement comme le Pater de Cavalier présenté la veille, est inervé, allumé, irrigué p