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Portrait

Kati Outinen, faux semblant

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Le festival de Cannes 2011dossier
Loin de ses rôles de femme sèche et triste, l’actrice fétiche de Kaurismäki («Le Havre») rayonne.
publié le 20 mai 2011 à 0h00

C’est dans les airs qu’elle trouve l’inspiration. Elle écoute les questions, lève ses yeux bleus vers un point qu’elle seule connaît, le fixe, s’y arrime, tire la réponse jusqu’à elle, la décode puis la délivre avec un flegme charmant de pythie pointillée. On est éternellement sur une des plages emplumées de la Croisette, journalistes et attachés de presse se disputant les places à l’ombre, la télé vidant la radio qui pousse le papier.

«Désolé, j'ai besoin de ce fauteuil» ou : «Chut, on enregistre !» Les artistes connaissent leur heure de plus grande passivité. «Je suis tombée dans l'imaginaire vers 6-7 ans, dès que j'ai su lire», explique Kati Outinen. Ses auteurs favoris fuient de la tête : Haruki Murakami et A.S. Byatt. «Encore aujourd'hui, j'ai la réputation d'être une rêveuse.» A Helsinki, où elle est née et habite, Kati Outinen a, dit-elle, «une petite maison et un grand jardin». Elle cultive des légumes depuis deux ans et en donne à tous ses amis : «Comme ça, j'ai l'impression d'être écolo. Enfin non, je suis écolo.»

Jumelle. Si la plupart des humoristes sont des dépressifs ratés, on n'est guère étonné que la poupée un peu moche et hébétée de Kaurismäki soit, en vrai, belle et joyeuse. Kati Outinen, qui paraît 50 ans depuis vingt-cinq ans, a finalement rattrapé son âge fictif, et elle rayonne. «Au cinéma, je joue, donc je ne me ressemble pas», rigole-t-elle dans un anglais à couper au coutea