Après la Conquête (palme du pschitt) et Pater, voici l'Exercice de l'Etat, l'autre film sur le monde politique français, coproduit par Denis Freyd et les Dardenne. Le récit se focalise sur une courte période de la vie d'un ministre des Transports, Bertrand Saint-Jean (Olivier Gourmet), centriste dans un gouvernement qu'on devine de droite libérale. Bercy lui lance dans les pattes un projet de privatisation des gares, auquel il se dit fermement opposé. Puis, de luttes intestines entre ministères et ambitieux de tous poils, Saint-Jean doit retourner sa veste et porter cette «politique de modernisation» censée endiguer une part des dépenses publiques somptuaires d'un pays soi-disant usé jusqu'à la corde. «Le cœur du film, c'est le costume, la charge ministérielle vécue au plus près de la chair : la libido, la tension, l'insomnie, l'ivresse, les rituels et les passions que se vouent les grands serviteurs de l'Etat.» Le film dépeint un univers de gens qui semblent ne plus savoir ce qu'ils font dès lors que l'emprise sur la réalité du pays passe par l'organisation byzantine de relais et courts-circuits successifs : études commandées pour gagner du temps, communiqués balancés pour griller le voisin, prendre l'opinion de vitesse… «Cinquante personnes sur une tête d'épingle», dit Woessner (Didier Bezace) pour décrire cet Etat dont le pouvoir n'a eu de cesse de se rétracter sur une scène toujours plus étriquée. Le tempo des coups d
Critique
«L’Exercice de l’Etat», haut en couleuvres
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par Didier Péron
publié le 20 mai 2011 à 0h00
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