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Libération
Critique

Seppuku et blessures

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Le festival de Cannes 2011dossier
Ronin. Calmé, le Japonais Takashi Miike signe un remake 3D virtuose de «Harakiri».
publié le 20 mai 2011 à 0h00

Il n’est pas sûr qu’il soit très raisonnable après neuf jours de Festival de tester notre résistance rétinienne avec un film en relief. D’ailleurs, après la projo, divers symptômes ont commencé à se manifester : céphalée, acouphène, légère perte de poids et décoloration brutale du cuir chevelu… Des collègues ont même dû quitter la salle au bout de vingt minutes soit parce qu’ils voyaient tout plat à cause de leurs lunettes qui s’accommodent mal à la prothèse 3D, soit parce qu’ils ont absorbé de telles quantités de substances plus ou moins licites que la notion de profondeur de champ n’est plus envisageable.

Ça n'empêche pas de rendre Ichimei (traduisible selon le double sens d'«une vie» et d'«un commandement»), de Takeshi Miike, tout à fait fascinant. Comme déjà avec le Pina de Wim Wenders, la technique du tournage en double caméra et la projection en relief servent ici les intérêts d'un cinéma qui ne cherche pas directement les effets de grand huit des productions hollywoodiennes, mais bien une expérimentation des ressources artistiques d'une nouvelle technologie. Par ailleurs, le Japonais Miike ne pouvait pas ignorer celle-ci tant son activisme débordant et provocateur l'a conduit à faire feu de tout bois depuis ses débuts en 1991. Réputé pour son goût de l'ultraviolence, il a signé quelques-uns des films les plus saignants des trente dernières années avec près de 80 titres à son actif, dont les notoires Audition,Ichi the Killer et 13