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Festival de Cannes

«La Peau que j’habite», en bon derme

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Le festival de Cannes 2011dossier
Chirurgien fou, Antonio Banderas kidnappe une femme et la transforme. Un bon Almodóvar.
Almodovar - «La Piel que Habito». (DR)
publié le 21 mai 2011 à 0h00

La Piel que habito, «la peau que j’habite», est un bon film de Pedro Almodóvar. Ce qui, comparé à bien d’autres films, est synonyme d’excellence. Mais indexé sur la longue filmographie du Madrilène enchanté, ce n’est pas le meilleur. Celui qui ne sait rien du scénario ni a fortiori du roman Mygale, du Français Thierry Jonquet, qui l’a inspiré, avance à petits pas et à tâtons dans cette ténébreuse affaire : Le professeur Robert Ledgard est un docteur étrange (Antonio Banderas qui bandera encore très bien), chirurgien expert et renommé qui, dans le labo de sa clinique privée, s’échine à expérimenter un épiderme de synthèse pour les grands brûlés.

Bourgeoise. L'image nous fait visiter une grosse propriété bourgeoise particulièrement déserte où rôde Marilia, une gouvernante un rien acariâtre (Marisa Paredes, idoine). A l'étage dans une chambre fermée à clef, une jeune femme en justaucorps couleur chair, séquestrée. Elle va bientôt servir de cobaye humain au docteur Ledgard.

Ce n'est pas faire insulte à la renommée cinéphilie de Pedro Almodóvar que de souligner qu'il a cloné deux chefs-d'œuvre du film horrifique : Rebecca d'Alfred Hitchcock (l'aspect gothique du problème avec le souvenir d'une ancienne épouse, morte dans un incendie, et la nostalgie afférente pour son fantôme) et les Yeux sans visage de Georges Franju (la chirurgie esthétique comme instrument de terreur, voire arme du crime). Cet alliage, comme métaphore de la greffe, est réussi.