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Festival de Cannes

Mourad ben Cheikh, engagement couleur jasmin

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Portraits, Cannes 2011dossier
Le réalisateur du documentaire «Plus jamais peur» (hors compétition) incarne le retour du cinéma tunisien sur la croisette.
Mourad Ben Cheikh. (Yann Rabanier)
publié le 21 mai 2011 à 0h00

C’est au Pavillon tunisien, parmi une série de petites tentes blanches, juste à côté du Bunker, surnom affectueux du Palais des festivals. La Croisette a par moments des allures d’exposition internationale, on peut faire le tour du monde sans risquer sa peau autrement que par les idées : retour vers le cinéma du réel.

Mourad ben Cheikh (prononcer «chir») a filmé en direct la révolution tunisienne du 14 janvier. Il a monté les images encore plus vite, avec deux équipes, une de nuit et une diurne. «J'ai travaillé dix-huit heures par jour.»

Verbe précis. Devenu de fait l'un des porte-parole de la révolution, il parle calmement, très littérairement, déroulant des phrases méditées, engagées «effectivement et affectivement». On ne va pas s'en tirer avec un portrait impressionniste, il a tant à dire, à faire comprendre, il faudra transmettre un maximum de son verbe précis. C'est le jour où l'on apprend que Ben Laden a laissé une vidéo posthume d'encouragement aux islamistes tunisiens. Mourad ben Cheikh douche froidement : «Le peuple tunisien a deux formules à propos de ces gens-là. La première, c'est "dégage". Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas dit "dégage" à ce genre de réflexion extrémiste. La seconde c'est "ceux qui essaient de chevaucher la révolution". Or la révolution est un animal fougueux, fort, plein d'instinct. Ben Laden veut monter le cheval mais ce n'est pas possible.» Il emploie le présent pour parler du chef d'Al-Qaeda, pa