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Quand Kahn vole la vedette au Festival

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Le festival de Cannes 2011dossier
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Depuis une semaine, la réalité a dépassé la fiction et s’est imposée à Cannes.
publié le 21 mai 2011 à 0h00
(mis à jour le 21 mai 2011 à 20h25)

Il est exceptionnel qu'un événement perturbe la suprématie du Festival de Cannes sur l'actualité mondiale. De tout temps, la Croisette, tout entière focalisée sur ses enjeux cinématographiques, son ballet mondain et son narcissisme sans limite, a su balayer d'un revers distrait, voire arrogant, toutes les guerres, catastrophes et autres séismes politiques susceptibles de lui contester la place royale dans tous les médias du monde, Internet compris. Cette 64e édition a donc vécu la mortifiante expérience d'être abandonnée par la seule actualité qui compte désormais : celle de l'instantané. Dès la nuit de samedi à dimanche, dans les innombrables fêtes, clubs et dîners de Cannes, journalistes, producteurs, agents et, on le suppose, jury bien à l'abri des médias ne parlaient déjà plus que de «l'affaire». De l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn la veille à New York, des accusations dont il était l'objet, du caractère censément pathologique de sa sexualité, du silence de la presse et de la classe politique, et même d'un complot ourdi par, au choix, l'UMP, la CIA, voire une branche dissidente du PS. Au film de 8 h 30, dimanche, chacun y allait de son commentaire avec la même ferveur mêlée de sidération qu'on emploie à s'écharper à la sortie d'une projection houleuse. Il faut dire que le scénario était si rocambolesque et, partant, romanesque, que pas un professionnel de cinéma ne s'y serait risqué, surtout à Cannes. L'increvable «trop beau pour être vrai» fai