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Libération
Critique

«Les Bien-Aimés», chœur à cœur

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Honoré chante une nouvelle fois l’amour et atteint la maturité.
Chiara Mastroianni et Catherine Deneuve, deux actrices de haut vol dont on se fout qu'elles soient mère et fille. (DR)
publié le 23 mai 2011 à 0h00

Christophe Honoré nous fredonne une nouvelle chanson d'amour. Celle, extralucide, qui dit, poésie immémoriale, qu'il n'y a pas d'amour heureux. Ou plus exactement, sur des paroles et une musique inspirées du fidèle Alex Beaupain: «Je peux vivre sans toi, oui mais ce qui me tue mon amour c'est que je ne peux vivre sans t'aimer.» Tout est dit et cette ritournelle générique franchit les lèvres d'à peu près tous les personnages. Des caractères hantés et gigognes puisque le film se déplace des années 60 à aujourd'hui.

Légende. Ainsi de Madeleine, jeune blonde accorte, vendeuse de chaussures et pute parfois, qui est tour à tour interprétée par Ludivine Sagnier, hier, et Catherine Deneuve, aujourd'hui. Oui, la vraie Deneuve, impératrice et impérative. Sa première apparition, en chantant et enchantée, électrisa la salle de projection d'un grand frisson qui ne trompe pas : la passante de Truffaut, la passagère de Bunuel et surtout la citation vivante de l'univers de Jacques Demy, dont Honoré procède, et traitée par lui avec les égards nécessaires : bienvenue à une légende. Mais aussi et surtout, vive l'actrice de très grand genre, capable en deux plans et quelques mouvements, de faire basculer les Bien-Aimés de l'hommage adolescent à la maturité cinématographique. Au point que Madeleine, la chanson récurrente du film, pourrait être aussi le mode de ciné-vie de Christophe Honoré, sa Madeleine-madeleine à lui : «Je suis l'amoureu