Après douze jours d'immersion dans la bulle cinéphile cannoise, que retenir de cette 64e édition ? Quelques tendances bien senties ont résisté à l'épreuve des vanités habituelles.
Les coups d'actu. Au risque que la conquête ne s'achève en défaite, 2011 restera, pour le plus grand festival de cinéma au monde, une édition partie toute seule dans une course contre l'actualité, sous prétexte qu'elle avait dans sa besace quelques grandes œuvres parlant du monde en plan large (le messianique Malick, l'apocalyptique Von Trier) ou de la France qui gouverne en plan mi-serré mi-acéré (Alain Cavalier, Pierre Schoeller). La note avait été donnée très tôt, dès l'annonce, il y a un moins, de la présence hors compétition, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, du film de Durringer relatant l'ascension de Nicolas Sarkozy. Ce devait être le tour de chauffe médiatico-pompier d'une année électorale à venir. Le cinéma allait montrer ses effets d'écriture à l'information, on allait voir ce qu'on allait voir. Sauf que pas du tout. La semaine dernière, dans la nuit de samedi à dimanche, la chute (politique) d'un éléphant PS fit dégringoler Cannes de quelques bonnes marches. En début de semaine, vers 20 heures, une mini-émeute avait lieu rue d'Antibes, une cinquantaine de gens se pressaient derrière la vitre d'un magasin d'électroménager pour suivre au JT la fameuse séquence de DSK présenté à ses photographes («où soudain, c'est Joe Pesci»). Quel film allait pou