Pour Elise Girard, la réalisatrice de Belleville Tokyo, se lancer dans un long métrage de fiction relevait d'une certaine évidence. Comme la conséquence d'une vie qui n'a cessé d'onduler au rythme du cinéma, de l'enfance, quand sa mère l'emmenait voir les films de Rohmer ou Truffaut, jusqu'à sa rencontre avec les deux fondateurs des salles Action, Jean-Max Causse et Jean-Marie Rodon, qui l'ont embauchée comme attachée de presse. Depuis, elle a eu amplement le temps de dévorer des kilomètres de vieilles bobines, mais aussi de réaliser deux documentaires (l'un sur les Action, l'autre sur Roger Diamantis, patron d'une autre salle à Paris, le Saint-André des Arts). Le film est donc placé sous le signe d'une cinéphilie, aussi romantique qu'encombrante, qui en est son centre de gravité. La question posée ici est : comment vivre, aimer, souffrir et tout le reste quand on passe le plus clair de son temps à admirer les plus fascinantes passions jamais réalisées. En filigrane, Belleville Tokyo est aussi l'autofiction d'une femme qui, pour voir sa propre vie, doit la regarder sur un écran de cinéma.
La réponse est quelque part entre la réalité de la réalisatrice et l’histoire de son personnage, Marie (Valérie Donzelli), un double pas totalement imaginaire. Marie donc, travaille au Grand Action où les tauliers (incarnés par les duettistes Philippe Nahon et Jean-Christophe Bouvet pas assez sollicités, hélas) bougonnent constamment sur les vertus commerciales de John Hust