Entre 15 et 18 heures, Ana Girardot ne sait pas quoi faire de ses longues mains blanches. Ses amis, ceux qui comptent, ceux d'avant sa courte carrière au cinéma, sont en cours à la fac ou déjà happés par «la vie active». Cette jeune fille de 22 ans à l'élégance surannée et au rire pointu, a choisi d'être comédienne, «parce que franchement un diplôme + la retraite, à la fin, c'est pas une vie». On lui demande de se situer sur l'échelle de la profession, elle répond «stagiaire», ce qui est un peu exagéré. Sa modestie n'est pas fausse : c'est celle des bons élèves qui ne crient jamais victoire avant de voir leur nom affiché sur le panneau des résultats. Son premier film Simon Werner a disparu, mis en scène par Fabrice Gobert, était pourtant un enchantement. Elle y incarnait Alice Cartier, la plus belle fille d'un lycée d'où partaient des rumeurs d'enlèvement, de meurtre, le tout enchevêtré dans des rivalités amoureuses.
Et toi tes parents, ils font quoi ?
Depuis, Ana Girardot a changé radicalement de registre et s'essaie à la grosse production française. Dans Cloclo de Florent Emilio Siri, elle incarne Isabelle Forêt, l'épouse légitime et discrète du chanteur électrocuté. Après la lycéenne rousse mystérieuse, elle sera donc la femme blonde d'un chanteur de variété et mère de deux enfants. Ce grand écart ne lui pose pas de problème. Comme Ana Girardot se vit encore en apprentissage, le processus en cours (du film, de son rôle) l'intéresse plus que les commentaires qui suivront la sortie en salles.