Le docu se passe en Suisse, mais comme le dit l'auteur, les mêmes scènes auraient pu être tournées en France. Prud'hommes, film documentaire sur l'institution éponyme chargée de trancher les conflits individuels du travail, est le fruit de plusieurs mois de tournage dans la salle d'audience du tribunal de Lausanne. Un mécanicien viré qui réclame des dommages et intérêts, un jeune salarié mis à la porte pour absences répétées et qui demande son dernier mois de salaire, un autre licencié après avoir dénoncé son chef pour vol dans l'entreprise. Loin des grands procès d'assises, le réalisateur helvète Stéphane Goël s'est attardé sur ces petits conflits entre employeurs et salariés, sur ces affaires, explique-t-il, qui bien souvent «se résument à un manque de reconnaissance et de dialogue».
Nombre de dossiers, effectivement, se «dégonflent» devant le juge, et le salarié, la plupart du temps, finit par renoncer au procès. Mais c'est aussi, au fil des audiences, la vie au sein des PME - la plupart des cas retenus dans le film - qui remonte à la surface. «On était comme des amis, on mangeait ensemble à midi», rapporte ainsi, en parlant de son ancien employeur, le jeune mécanicien, viré sur le champ pour avoir un jour traité son patron de «voleur». «D'enculé de voleur», corrige l'avocat de l'employeur devant le juge. On se bat pour un mot, un bout d'indemnité, une phrase sur un certificat de travail. On négocie dans les couloirs,