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Libération
Critique

L’odyssée d’«Omar»

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L’affaire Raddad revisitée vingt ans après par Roschdy Zem. Avec un Sami Bouajila affûté dans le rôle du jardinier jeté en prison.
Sami Bouajila dans «Omar m'a tuer» (DR)
publié le 22 juin 2011 à 0h00

Les faits remontent à vingt ans. Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, riche veuve de 65 ans, est massacrée de plusieurs coups de chevron (pièce de bois pour les charpentes) et de couteau dans la chaufferie de La Chamade, sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes). Epais mystère : la victime est barricadée, un lit bloque de l'intérieur la porte, sur laquelle une inscription a été tracée avec son sang : «Omar m'a tuer.»

Signature fatale à Omar Raddad, son jardinier marocain âgé de 28 ans. Bien que criant son innocence, il est condamné, en février 1994, à dix-huit ans de réclusion criminelle. Pour l’accusation, ayant besoin d’argent afin de jouer aux machines à sous, il a tué sa patronne qui lui refusait une avance. Mais l’enquête, bâclée, n’a réuni aucune preuve contre lui, même sur sa prétendue folie des jeux d’argent, et la défense dénonce un procès mené uniquement à charge.

En 2006, juste après Indigènes, Rachid Bouchareb a l'idée d'en faire un film avec Roschdy Zem en Omar Raddad. Bouchareb trop sollicité, Zem récupère le bébé, pour son deuxième film comme réalisateur. Après étude du dossier judiciaire, il choisit de traiter le parcours d'un homme illettré, parlant très mal le français et pris dans l'engrenage judiciaire, plutôt que de dérouler les contradictions de l'affaire. En Omar Raddad, homme simple et froid, Sami Bouajila effectue une impressionnante performance, perdant 18 kilos pour montrer les souffrances de l'enfermement et de l'injustice. Il y a aussi