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Libération
Critique

«Pater», heureux élus

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Alain Cavalier s'autopropulse président et nomme Vincent Lindon Premier ministre.
Vincent Lindon dans «Pater». (DR)
publié le 22 juin 2011 à 0h00

On en avait presque oublié l'essentiel : la meilleure façon de comprendre la politique, c'est encore de la regarder. La mettre face à elle-même et à son propre spectacle, en son miroir. Pater, ce film qui ne ressemble à aucun autre, ovni total comme fabriqué à deux, ce film dans lequel on croise souvent une caméra dans le reflet d'une glace, voire carrément dans le plan lorsque l'un ou l'autre des deux personnages principaux (le président de notre République et son Premier ministre) se la passe pour se filmer «à tour de rôles». Pater, donc, fait avec la politique ce que les politiciens font «le matin en se rasant» : il y pense. Et à force d'y penser, Alain Cavalier s'y voit, il se joue la comédie du pouvoir.

«Serre-kiki». Que fait-on devant une glace, que l'on soit pékin d'en bas, grand cinéaste inclassable, bon acteur d'ici ou Premier ministrable ? On s'habille. Et Pater est un film en costume. C'est la merveille de mode d'emploi de l'incroyable première séquence du film. Alain Cavalier - qui a abandonné le cinéma traditionnel il y a plus de quinze ans en décidant de ne tourner qu'à la première personne, à travers l'œil porteur d'une caméra vidéo subjective - filme sa main préparant deux assiettes composées tout en expliquant à son Vincent Lindon d'acteur qu'il vient de s'acheter un costume. La dernière fois, c'était en 1986 pour la montée des marches de Thérèse à Cannes, soit la dernière fois que Cavalier a joué