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Libération
Interview

«Rien n’était écrit, je n’avais aucun dialogue à apprendre»

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Vincent Lindon revient sur une expérience hors cadre :
publié le 22 juin 2011 à 0h00

La boule de nerfs et de muscles, costard de ville, peau rugueuse et fraîche, belles pompes, arpente la moquette, parle à sa main, cherche le signal pour son mobile, un iPhone qui déconne. «Pff… ah, c'est… pff, ces machins-là… pff… en plus, moi, c'est même pas le 4, ni le 3 ou je sais pas, pff, c'est un vieux, c'est le iPhone 0 !» Et puis il coupe tout, planque l'appareil, nous installe dans un petit salon dont il referme la porte. Vincent Lindon n'a pas besoin d'une seconde de concentration pour entrer de plain-pied dans Pater. Il ne le dit pas comme ça, mais on comprend qu'il est fier de ce film comme un acteur qui, à cet instant, parle de son rôle comme du rôle de sa vie. Dans tous les sens de l'expression.

Pater est un film à tous points de vue «hors format». Comment est-il né ?

Je vais vous raconter sa genèse comme un séquencier. On est en 2001 et je bois un verre dans un bistro de la rue du Bac. Je vois Alain Cavalier passer. Je fonce vers lui et je lui dis : «Ça me ferait triste, quoi qu'il m'arrive dans ce métier, si je devais le traverser sans être jamais filmé par vous.» Il m'a répondu du tac au tac : «Je ne tourne plus avec des acteurs professionnels. Mais si je devais le refaire un jour, je ne l'envisagerais qu'avec deux personnes. Les seuls acteurs professionnels qui m'intéressent : un homme et une femme. L'homme, c'est vous.» Bien sûr, je ne l'ai pas cru. Mais c'était vrai. C'est comme si j'avais été «appelé» à traverser cette rue. J'ai appris plus tard que la femme était Sophie Marceau. A partir de