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Critique

Fleur blues

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Super éros. Dans «Un amour de jeunesse», Mia Hansen-Love déclenche un tourbillon sensible de passion et d’absences.
Lola Créton et Sebastian Urzendowsky dans «Un amour de jeunesse» (© Les Films du Losange)
publié le 6 juillet 2011 à 0h00

La beauté de certains films, c'est qu'ils ne savent pas consoler. Ceux qui les ont faits, et pour ça ont remué les souvenirs enfouis, les ont modelés jusqu'à les rendre méconnaissables et n'auront rien pansé des premières blessures. Tout au plus, auront-ils inventé autre chose, dont ils peuvent parfois être fiers. Mia Hansen-Love peut être fière d'Un amour de jeunesse. C'est un beau film, un des plus émouvants de la saison.

Mais c’est aussi un film sur lequel il est délicat d’écrire, tant il est tout entier en accord avec le murmure de son récit. Du coup, écrire un peu en dessous ne rendrait pas justice à sa profondeur, quand écrire trop haut, comme on dit parler trop fort, brusquerait son tempérament. Qui est un mélange de détermination et de sentimentalité. D’entêtement et d’écorchures. Se méfier des grands timides, surtout quand ils ont une idée fixe. Ce film ne raconte pas autre chose.

Camille est plus jeune que Sullivan. Sullivan a déjà fini le lycée et glandouille en rêvant d’ailleurs. Camille, elle, n’a que 15 ans. Les rêves de fuite éperdue, loin, très loin, en Amérique du Sud, de Sullivan lui sont interdits. Elle aime, mais se sent exclue d’une part de lui. Un matin, Sullivan n’est plus là, le lendemain, il aura envoyé une lettre écrite sous d’autres cieux, d’autres arriveront plus tard qui raconteront d’autres modes de vies, d’autres richesses, de celles qu’on ne rencontre que chez les plus démunis. Et puis un jour, une lettre viendra qui demandera, sans méc