Le choix d’épouser le point de vue d’un personnage antipathique est le handicap et le charme du premier long métrage de Bruno Rolland. Tout, ou presque, repose sur les épaules de la comédienne Anne Azoulay, par ailleurs coscénariste avec Jihane Chouaib. Elle est la Léa du titre, jeune femme qui a quelques raisons d’afficher sa mauvaise humeur : seule au monde, elle s’occupe de sa grand-mère à la dérive (Ginette Garcin, décédée en juin et dont c’est le dernier rôle), tout en essayant de revenir dans le circuit universitaire après une longue parenthèse.
Vicelard. La grande fille à l'air revêche tente (et intègre) Sciences-Po et, du coup, s'occuper du ménage de Mamie n'entre pas dans le cadre de ses priorités. D'autant qu'elle doit aussi faire la serveuse dans une boîte de nuit lugubre du Havre.
Au moment où cette triste affaire semble se diriger vers une chronique sociale un peu vaine, le film effectue un virage sec vers autre chose, plus vicelard, plus séduisant, plus embarrassant aussi. Léa, nourrie aux certitudes de l’individualisme forcené et des vertus des épreuves qui rendent plus costauds, passe la vitesse du cynisme. Elle devient strip-teaseuse et, surprise, prend un plaisir manifeste à exercer sur ses clients un pouvoir d’attraction dont elle se sentait démunie. Et de ses prestations sur scène aux coulisses de la backroom, le chemin est tout tracé.
Dès lors, le message en forme de question sans réponse devient limpide. Que faire dans ce monde qui ne cess