Clignotement du smartphone. Elle s'interrompt un instant, et sort de leur étui des petites lunettes pour jeter un œil à l'écran. Le regard bleu est toujours aussi intense. Rendue universellement célèbre par les pubs Lancôme, la bouche, qui rappelle tant celle de sa mère, est toujours aussi bien dessinée. «Je vais vers mes 60 ans et, dans ma vie privée, cela ne me bouleverse pas outre mesure», assure Isabella Rossellini avec un sourire qui dessine de petites rides au contour des yeux.
Actrice reconnue, ancien mannequin symbole d'une certaine idée de la beauté classique, réalisatrice récente de décapants petits films animaliers, mère de famille comblée, la fille de Roberto Rossellini et Ingrid Bergman assume son âge. Mieux, elle en rit, avec un humour qui n'est pas la politesse du désespoir. «Je rappelle souvent à mes enfants que le bonheur est aussi une discipline, si quelque chose ne marche pas, on essaie autre chose.»
On n'a pas eu une mère suédoise pour rien. Cette Ingrid à laquelle elle ressemble de façon si troublante qu'elle s'est une fois trompée elle-même, voyant chez un antiquaire parisien une femme marcher vers elle «qui avait l'allure de ma mère», avant de réaliser que c'était son propre reflet dans un miroir. D'Ingrid, elle a pris «la frugalité, l'énergie et le sens de l'organisation». Comme maman, elle adore à ses moments perdus «astiquer et faire le ménage». De son père, gros et massif - «robuste», selon le jar