John Moulder-Brown est blond. Si blond que le reste de son visage semble organisé autour : les dents à l'émail éclatant, les yeux bleu piscine, la peau de jeune homme. Il vient de fêter ses 58 ans mais en marque dix de moins. Il porte un anonyme tee-shirt blanc dont il aurait été sans doute préférable de couper le col au ciseau et un jean bleu ciel. Il se marre, tout le temps. Son hôtel donne sur une voie ferrée, ça le fait rire. Il a faim et la première table sur laquelle on tombe est un grec : enfin attablé, on croit pouvoir enfin passer à la question celui qui symbolisa dans Deep End le parangon du sexy adolescent, mais il n'a pas fini de rire en vous faisant essayer une fausse paire de lunettes sans verre : John Moulder-Brown est un éternel gamin facétieux.
Il avait 17 ans sur le plateau de Skolimowski. Etait-il impressionné ? «Pas plus que ça. Je fréquentais les plateaux depuis mon plus jeune âge. J'ai commencé ma carrière vers 4 ans dans des séries anglaises, avec des pauses pour me permettre de suivre une scolarité à peu près normale. Surtout, je venais d'achever coup sur coup La Résidencia, un film d'horreur avant-gardiste de Narciso Ibáñez Serrador, et Erste Liebe, de Maximilian Schell.»
Piscine. Dans Deep End, sa prestation tient à la fois de la chorégraphie, d'un art de jouer avec son corps qui serait comme une version Carnaby Street du burlesque propre à Chaplin : on le voit courir, tomber, entrer par la fenêtre pour ne p