Menu
Libération
Critique

«Le Moine», des sensations bures

Article réservé aux abonnés
Stupre. Précédé d’une sulfureuse réputation, la libre adaptation du roman gothique de Matthew G. Lewis par Dominik Moll soumet le prédicateur Vincent Cassel aux tentations de la chair fraiche.
Vincent Cassel. (DR)
publié le 13 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 13 juillet 2011 à 0h25)

Ordre et désordre, règle et dérèglements, harmonie et dissonances, le cinéma de Dominik Moll se déploie, depuis Intimité (1993), à travers des séries de grandes crises qui exposent le personnage principal aux supplices d'un écartèlement entre des aspirations antagonistes. C'est à nouveau le cas dans le Moine, première incursion du cinéaste révélé au grand public avec Harry, un ami qui vous veut du bien (2000), du côté du cinéma en costume.

L'action se déroule au XVIIe siècle en Espagne. Le scénario s'inspire librement du roman gothique éponyme de Matthew G. Lewis, publié en Angleterre en 1776 alors que son auteur n'a encore qu'une vingtaine d'années. Aussitôt jugé scandaleux, le texte rencontre, à l'étranger, une certaine faveur louche auprès de lecteurs de renoms, que ce soit en France (le marquis de Sade) ou en Allemagne (E.T.A. Hoffmann). Réécrit par Antonin Artaud, qui souhaitait en tourner une version pour le cinéma et jouer le rôle-titre, le Moine demeure un classique de la littérature morbide et licencieuse où s'impose la figure de Satan, prince de ce monde, ordonnateur du récit et des destins. La version qu'en donne Dominik Moll (qui a cosigné le scénario avec Anne-Louise Trividic) est libre dans le sens où il a abandonné toute une partie du roman (l'histoire d'Agnès, qui se passe en Allemagne) pour se concentrer sur les seules turpitudes d'Ambrosio, ce frère du couvent des capucins réputé pour son emprise sur les foules