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Interview

«Dans un film, on s’arrête de jouer»

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Sylvie Testud, actrice dans «Lourdes», revient sur l’ambiance mystique du tournage :
Sylvie Testud, nouvelle pratiquante dans «Lourdes» (© Martin Gschlacht)
publié le 27 juillet 2011 à 0h00

Trois ans après le tournage de Lourdes, on croise Sylvie Testud dans un café parisien, entre deux séances de montage de son film, la Vie d'un autre. Elle mange un carpaccio de poisson blanc, on ne mange rien. Elle évoque l'obscénité de manger devant quelqu'un qui ne mange pas. Du coup, pour la mettre à l'aise, on croque un cœur de laitue à même la table.

Votre personnage est une miraculée égoïste…

Elle se réjouit d’être miraculée, mais elle se fout des autres. L’égocentrisme, c’est un rempart contre l’emmerdement d’autrui. C’est agréable de s’épanouir à côté d’une loi morale qui a traversé les siècles. Se poser à côté, faire comme on a envie. Je n’aime pas la revendication de ceux qui suivent des règles et aimeraient les imposer aux autres. C’est insupportable, ces congénères qui vous demandent d’être comme eux. De fait, le film n’est pas dans une revendication. Il n’est ni pour ni contre la religion, même si la réalisatrice, Jessica Hausner, est catholique et pseudo-pratiquante. En fait, mon personnage lui ressemble beaucoup.

C’est difficile de jouer une paralytique et de n’utiliser que son visage ?

Jouer avec son seul visage n’est pas gênant. Etre totalement immobile, en revanche… On a tendance à bouger son cou, même très peu, pour communiquer une autre émotion. Là, j’avais tous mes muscles tendus, ce qui prenait la moitié de ma concentration. Et on découvre que le corps bouge tout seul. On a des réflexes, ça pique, on veut se gratter. De temps en temps, j’avais un spasme.

Vous avez toujours cultivé une sorte de passivité, de lenteur dans vos rôles…

J’aime bien quand les choses ne sont pas trop démonstratives. Et puis je ne sais pas faire autrement. D