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Libération
Critique

«En ville», l’ennui porte conseil

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Cité. La langueur adolescente vue par Mréjen et Schefer.
Stanislas Merhar et Lola Créton, sur le port (© Shellac)
publié le 27 juillet 2011 à 0h00

Toute personne qui a vécu dans une banlieue, quelle qu'elle soit, connaît le sens réel de l'expression «aller en ville». Adolescent, on y va avec foi et envie, dans l'espoir d'y trouver pêle-mêle filles, garçons, disques ou fêtes.

Dans En ville, premier long métrage de Valérie Mréjen et Bertrand Schefer, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Iris (Lola Créton) a 18 ans, ce sale âge où l'on ne peut plus se languir dans une confortable crise d'adolescence et où il faut faire un choix, même si on n'en a pas.

Fleuret. Elle vit quelque part, près d'un port - on pense à Saint-Nazaire ou Nantes, les lieux de tournage - et s'emmerde ferme. Elle bosse dans une ZAC, ne connaît pas la signification de cet acronyme, juste que le Z correspond à «zone». Elle a un petit copain qui n'en est pas vraiment un, un père qui a invité un lourdaud à venir squatter chez elle et pour aller «en ville», dans cet ailleurs qui ne la fait pas tant rêver que ça, il n'y a pas de chemin direct. A moins de faire comme son amie Isabelle (Adèle Haenel, aperçue dans la Naissance des pieuvres) et de suivre le premier venu, un cadre pas si dynamique dont le seul trait de gloire est d'avoir été champion de fleuret. Un jour, en attendant un bus qui n'arrive pas, elle rencontre Jean, un photographe (Stanislas Merhar) qui, pour le coup, vient de Paris. Il est las comme elle et, ensemble, ils vivront une courte relation où, à défaut de s'aimer réellemen