Menu
Libération
Critique

«Lourdes» ça fout la foi

Article réservé aux abonnés
Grotte. Sylvie Testud attend le miracle dans un film embusqué de Jessica Hausner.
publié le 27 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 27 juillet 2011 à 12h13)

C'est un plan presque sorti de chez Buñuel. Une bonne sœur de dos, dont on ne voit que la cornette, joue aux cartes avec un prélat et un militaire. Pour un peu, on l'imaginerait fumer un gros cigare. Trois verres de vin sont posés sur un guéridon. Un serveur passe et propose de l'eau de Lourdes, miraculeuse. Réponse en chœur des trois attablés : «Ah non, merci.» C'est à peu près la seule franche vacherie dans le film de Jessica Hausner.

Pour le reste, la réalisatrice autrichienne se tient à une distance abandonnée, mettant face à face des plans incongrus, observant le ballet des pèlerins dans l'Accueil Notre-Dame, lieu d'hébergement des malades, étalant parfois ceux-ci sur l'herbe en plein soleil, jusqu'à ce que leur saleté humaine s'exprime en un jus de petites phrases nauséabondes. C'est de la satire lo-fi, lente, entrechoquée comme des atomes sous l'œil d'Epicure. Les pèlerins défilent, s'agrègent, débandent, entrent dans le champ, sortent au hasard. Une certaine image, dit Hausner, de cette peur «que rien de ce que l'on fait pendant notre vie n'importe. La vérité est difficile à trouver, notre vie est à la fois merveilleuse et banale».

Compétition. De fait, elle filme Lourdes comme Massimo Vitali photographie les plages, entre sadisme et sociologie. A côté des plans larges et théâtraux, Hausner use d'un autre truc buñuelien. On l'appellera le montage paranoïaque (critique). Des personnages parlent de choses un peu banales, ou du moins par