Les festivals de cinéma ne sont décidément plus à l'abri de rien. Après DSK parasitant Cannes, voilà Londres apportant dans le bruit et la fureur la réponse du réel aux aspirations insurrectionnelles que l'on rencontre partout à Locarno : dans les Chants de Mandrin, de Rabah Ameur-Zaïmeche et dans Ashoter, de l'Israélien Navad Lapid (Libération du 9 août), ainsi que dans Tahrir, un documentaire de Stéfano Savona, pas vu mais, paraît-il, formidable. Tout comme l'insurrection sert d'horizon aux jeunes gens modernes de Low Life, le nouveau film de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval. La révolution n'est pas leur seul mur porteur : la justice sociale (les reconduites à la frontière des sans-papiers), la poésie (partout) et l'amour (fou et menacé) les nourrissent à chaque instant. Low Life peut s'entendre comme une sorte de réponse updatée 2011 au Diable probablement, de Robert Bresson et aux Amants réguliers, de Philippe Garrel.
Il souffre de la comparaison, sans doute pour ne pas avoir réussi à faire en sorte que ses jeunes acteurs (les enthousiasmants Camille Rutherford, Arash Naimian, Luc Chessel) ne soient pas les prisonniers d’un texte très écrit (empruntant autant à Robert Walser qu’à Alain Badiou). Mais le film s’échappe enfin en faisant surgir une ligne qui n‘appartient qu’au cinéma de Klotz et Perceval : celle de la magie noire. Ses séquences vaudoues abritent une croyance unique dans le cinéma.