Ainsi, je suis «fasciste», le film Vol spécial est «obscène» et les malheureux spectateurs sont des collabos (1). L'énormité de l'accusation, venant d'un homme qui a fui la dictature de Salazar, laisse tout d'abord éberlué. Il est vrai que selon le même Paulo Branco, président du jury international, Olivier Père, directeur du festival de Locarno, s'est déshonoré en sélectionnant ce film, Edouard Waintrop est un lâche, Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse ne sait pas de quoi il parle, etc. : tous ceux qui ne partagent pas la hargne du maître se voient disqualifiés par lui. Une arrogance hallucinante qui renvoie aux mots de Freddy Buache dénonçant en son temps «l'arrogance fasciste» de la Nouvelle Vague et de Godard en particulier. Mais le temps a passé et nous ne sommes plus dans les années 60. Cinquante ans plus tard, il y a belle lurette que le cher Freddy a changé d'époque et de manière.
Il est difficile de discuter sérieusement avec quelqu'un qui accumule à ce point, outre l'insulte, les erreurs, les approximations et les contre-vérités : «Ce documentaire témoigne de la mort d'un immigré durant un vol spécial sans que le réalisateur ne censure a posteriori les images tournées avant son décès.» (2) Une affirmation absurde : le Nigérian décédé à l'aéroport de Zurich lors de la préparation d'un vol spécial n'apparaît à aucun moment dans le film, pour la simple raison qu'il n'a jamais séjourné au centre de rétention d