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Libération
Critique

Honoré chante l’amour aigre-doux

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Entre gravité et légèreté, le film choral «les Bien-Aimés» rappelle les années Demy.
publié le 24 août 2011 à 0h00
(mis à jour le 24 août 2011 à 11h51)

Les escarpins que Roger Vivier dessinait autrefois pour Christian Dior sont des merveilles, Cendrillon aurait fait des pieds et des mains pour les avoir. La preuve, ils transforment la femme en histoire. Dans les Bien-Aimés, il suffit qu'une paire de ces escarpins Vivier ait été volée par une petite vendeuse, un soir de 1964, pour que l'histoire du monde sorte de son assoupissement provincial et redevienne mondiale. Ainsi, forte de sa nouvelle ligne élancée, la vendeuse (Ludivine Sagnier, mutine) se verra proposer une coquette somme d'argent par un type dans la rue. Et de fil en aiguille deviendra une occasionnelle putain. Qui, un jour ou l'autre, fera monter un beau jeune homme désargenté, interne des hôpitaux venu de Prague (Rasha Bukvic). Bientôt, la vendeuse quittera Paris et ses occasions pour Prague et le mariage, puis quittera Prague et son mari, alors que les chars russes entrent écraser la bohème.

Transit. L'histoire vient de trouver sa capitale, le film est enclenché : il n'y a pas de passion qui ne soit attachée à une ville et à un événement - nous sommes faits de cela et de cela seulement. C'est la première partie du nouveau film de Christophe Honoré, son pied droit, en quelque sorte. Plus de trente ans après, ce médecin tchèque et cette Parisienne devenue bourgeoise faussement rangée (Catherine Deneuve, libre sans avoir à livrer bataille) ont une fille (Chiara Mastroianni, belle et inquiète) qui vit à Londres. Le garçon qui l'accompagne