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Libération
EDITORIAL

Désordres

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publié le 30 août 2011 à 0h00

Pourquoi La guerre est déclarée nous a tapé dans l'œil au point de lui consacrer les pages «Evénement» de Libération ? Parce que dans le paysage «névrogène» et bien rangé du cinéma français, il secoue, réveille, se démène de toutes ses forces, hurle à la mort et rit à la joie, fait désordre, imposant, y compris dans ses manières de procéder (de sa production à son montage), un style dyslexique revendiqué et inédit. Certainement une tragédie, assurément une comédie.

Il n’est pas rien non plus que ce film dit autobiographique, où Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm montent au front, contrarie la question fatigante de l’autofiction et autres tambouilles psy sur l’exorcisme. Deux jeunes parents en guerre contre le cancer qui dévore le cerveau de leur enfant. Oui, ça leur est vraiment arrivé. Non, le film n’est pas le documentaire de cet événement.

Enfin, qualité fondamentale, c’est un film politique. Qui mondialise son combat local et encourage bien d’autres castagnes : contre la dictature du bonheur obligatoire mais aussi, plus subtil, contre le totalitarisme du malheur, son goût et son marketing. Compassion et résignation sont des passions tristes qui ne méritent aucun respect.

La sagesse amorale du film dit qu’il faut savoir s’accommoder de tout, même du pire, mais elle dit aussi que ce stoïcisme peut virer au funèbre, voire au gâtisme, à trop faire des risettes à la fatalité. Comment transformer une fatalité en destin ? C’est une des maximes de ce film «indigné