La première image est un écran noir, sur une voix off brisée. Interrogatoire de police, déclinaison d'identité. «Alain Marécaux, né le 27 mai 1964», huissier de justice à Samer (Pas-de-Calais) est en garde à vue, le 14 novembre 2001, soupçonné de viols sur mineurs dans l'«affaire d'Outreau». Le filmest la «fidèle adaptation» de l'autobiographie de l'huissier, précise un carton. Puis gros plan sur un visage en larmes. Celui de l'acteur Philippe Torreton, qui interprète Alain Marécaux, qui l'incarne faudrait-il sans doute dire, mimétisme physique poussé jusqu'à la perte de 27 kilos. Un visage et des larmes si omniprésents pendant 102 minutes qu'on aura l'impression de se les être fait greffer dans la rétine encore longtemps après. La caméra colle à Torreton, Torreton colle au malheur.
Comment faire pour oser dire qu'on n'a pas aimé Présumé coupable ? L'aveu n'est pas facile. Ce deuxième long métrage de Vincent Garenq (après Comme les autres, sur un couple homo en mal de progéniture) raconte l'injustice effroyable qu'un innocent a subi, accusé à tort d'avoir violé des enfants qu'il ne connaissait pas. Victime des dénonciations mensongères de Myriam Badaoui, de l'incapacité des juges et policiers à démêler avec discernement les récits d'enfants traumatisés, Alain Marécaux a été incarcéré à tort pendant vingt-trois mois. Jeté avec neuf codétenus dans une cellule insalubre de quatre places, arraché à ses enfants placés en famille d'accueil, frôla