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Libération
Critique

Pontificat de conscience

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Ecrasé par la tâche, le pape Piccoli pique une crise de foi et fuit.
publié le 7 septembre 2011 à 0h00

Dans un entretien accordé à France Culture peu avant sa mort, survenue en août, le cinéaste chilien Raúl Ruiz revenait sur un rêve opiacé qu'il avait eu récemment sur la table d'opération, en proie à des anesthésiants suffisamment puissants pour abattre un cheval. Magnifique rêve où il lui apparaissait que l'homme qui venait d'être nommé pape était un mort. Ce rêve a quelque chose d'étrangement semblable au récit du dernier film de Nanni Moretti, même si Habemus Papam en arrive au même constat critique - les papes sont des morts-vivants en puissance - tout en empruntant un chemin quasi contraire.

Le canevas est le suivant : que se passerait-il si le conclave choisissait pour pape un cardinal qui, au dernier moment, préférerait les joies simples de la vie à l’exercice terrorisant du pouvoir ? Ce serait la panique au Vatican. Ça le sera en effet, puisque le cardinal français nommé Melville (!), joué par Michel Piccoli (vous connaissez l’expression «monstre sacré» ? Elle se joue là, devant vous), une fois sa nomination annoncée, se tétanise devant la tâche, perd pied, perd mots, et s’évade comme un incapable, refuse d’assumer ses mauvaises notes et fugue un beau matin.

Habemus Papam commence comme un documentaire, avec des images prises, par d'autres, à Rome durant la longue période de funérailles de Jean Paul II. Mais à la façon dont la mise en scène embraye fissa en fiction, et à voir comment le réalisateur en profite pour égratigner la télé italienne, s