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Libération
Critique

«Putty Hill», le coup deuil

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Le crack, la mort, le paintball… le quotidien d’ados de la middle-class près de Baltimore.
Le Maryland... ses forêts, ses jeunes, ses drogues. (DR)
publié le 7 septembre 2011 à 0h00

Autour c'est le silence, puis viennent les premiers bruits. Celui que font les éclats de peinture lorsqu'ils heurtent le casque des joueurs adverses. L'un d'eux relève sa visière. On découvre un visage appartenant à un très jeune garçon, 15 ans maximum. Ses cheveux longs débordent du casque. Assis, il raconte le paintball, et ce mec qui n'arrêtait pas de le canarder. Il dit manquer de précision. Il est venu avec des amis de son frère. La voix de l'intervieweur lui demande où est son frère, et il répond sans émettre le moindre tremblement que son frère est mort la semaine dernière. D'overdose. Les funérailles sont pour demain. Là, il va rentrer chez lui. Une bonne douche. Ranger sa chambre. Jouer un peu, ou bien reprendre l'écriture de son livre. Un truc sur les vampires. «Faut le lire pour vraiment comprendre.»

Semi-remorque. Cette interview placée en ouverture de Putty Hill est l'une des plus belles rencontres que le cinéma contemporain nous ait offert récemment. Le regard de ce gosse, cette monotonie dans la voix qui ne transmet pas l'ennui mais un art inattendu de faire de l'impavide son alliée. Tout le film tourne autour de ça : de ce frère mort d'overdose, et de cette façon de ne pas en faire une histoire. Juste un film, un beau film. Putty Hill ou l'art de ne pas être là quand la vie va vous lancer un semi-remorque au visage.

Matthew Porterfield, son réalisateur, était à Paris à la fin du mois d'août. Lorsqu'il s'assoit face à