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Libération
Interview

Super Nanni

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Rencontre avec le réalisateur d’«Habemus Papam», film osé sur la position du démissionnaire.
publié le 7 septembre 2011 à 0h00

Nanni Moretti est redouté des journalistes. Il les ridiculise volontiers dans ses films et encore une fois dans Habemus Papam via un présentateur télé particulièrement stupide. De passage à Paris en juin, nous l'avons rencontré pour lui parler du film, mais aussi de sa bête noire, Berlusconi, qui venait alors de se prendre une grosse veste électorale. Le cinéaste, un peu bougon, s'est rapidement échauffé, se levant de son fauteuil pour parler debout, de cinéma, de politique et de désorientation contemporaine.

Votre pape, interprété par Michel Piccoli, hurle qu’il ne veut pas faire le job. C’est un film sur le sentiment d’illégitimité, sur le doute ?

Plus que sur le doute, c'est un film sur le mal de vivre. D'ailleurs, le pape lui-même parle de «dépression». Je crois que c'est un film sur la difficulté à endosser un rôle jusqu'au bout : un rôle qu'on a choisi ou que l'on nous a attribué. On raconte souvent que quand un pape est élu, il est presqu'en état de choc. Il ne se croit ni digne ni à la hauteur de sa charge, et le fait d'avoir été choisi par le Seigneur lui-même lui paraît tout simplement impossible. Jean Paul Ier représente au mieux cet état de stupéfaction absolue, il est mort d'ailleurs un mois après son élection.

On vous sent plus que jamais en possession de vos moyens de cinéaste. Le film est traversé par une allégresse que l’on n’avait pas vue chez vous depuis Journal intime.

Je suis content de vous l’en